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Le Groupe écosocialiste de solidaritéS a publié quelques entretiens et une brochure sur l’éco-féminisme ["Qu'est-ce que l'écoféminisme : entretiens avec Alicia Puleo & Yayo Herrero", avril 2013] : nous nous efforçons de diffuser ce courant de pensée très intéressant et assez peu connu dans les pays francophones.
Nous avons décidé de traduire de l’espagnol cet entretien qui, selon nous, peut éclairer quelques méconnaissances sur un éco-féminisme anticapitaliste représenté entre autres par Yayo Herrero, directrice d’une fondation écologiste espagnole et figure très connue du mouvement écologiste espagnol. L’éco-féminisme s’ouvre un chemin entre les mouvements sociaux et les partis politiques ; ainsi aujourd’hui la gauche syndicale, la Gauche Unie et Anticapitalistes, dans l’Etat espagnol, mais aussi plusieurs mouvements dans d’autres pays se revendiquent de cette pensée. La résolution féministe de solidaritéS y fait référence et le Groupe écosocialiste de solidaritéS de Genève s’en revendique également.
Que le débat continue !

Une très vaste culture combinée à un certain talent pédagogique et une pulsion révolutionnaire compatible avec la sérénité de son caractère ont fait actuellement de Yayo Herrero l’une des voix incontournables des intellectuels progressistes espagnols. Yayo Herrero est directrice de la fondation écologiste FUHEM et exprime le point de vue de l’éco-féminisme, un mouvement qui fusionne l’écologie et le féminisme en une seule école, comprenant que la surexploitation de la nature et la soumission des femmes ont une même origine : une économie cannibale qui fonctionne en dévorant les corps et les territoires et qui se base sur une conception de la nature comme machine et de la science comme instrument de pouvoir, préconisé par Bacon, Descartes et Newton au débuts de la modernité et dépassé par les physiques du XXe siècle, mais qui subsiste comme sens commun diffus parce que cela est très utile au système capitaliste.
Dans cet entretien d’une heure et demie, réalisé à Oviedo (fin 2014), où elle venait donner une conférence dans le cadre de journées sur les luttes paysannes et indigènes convoquées par le groupe "genre" des ONG de la principauté des Asturies, Yayo Herrero présente aux lecteurs de Asturias24 (une revue de cette région du Nord d’Espagne) les points-clés du diagnostic et des recettes de ce mouvement, sachant qu’il n’obtiendra pas la réalisation de ses aspirations dans le cadre d’impossibles capitalismes verts ou d’un capitalisme à visage humain et qui tente d’avertir le monde de l’imminence de l’effondrement d’une planète dépassant ses limites physiques, et rappelant en même temps que la peur ne paralyse que quand l’on ne sait pas où aller.
[Introduction, p. 2-3]