Etienne Guillaume, Un visiteur très encombrant. L’histoire d’un coffre de pirate. Autobiographie. éd. de la Fraise cultivée, Wépion, 2020, 118 pp.,16 €.

Un titre-tiroir, ou, si vous préférez, un titre-valise. Etienne Guillaume ne manque pas d’humour, comme ion le devine: en effet, il ne s’agit pas vraiment ici d’une autobiographie complète, mais du récit d’une intervention chirurgicale particulièrement complexe, un cancer appelé myélome multiple, qui s’attaque à la moëlle osseuse. Et, bien sûr, des séquelles, les greffes, les transfusions et ces méchants petits parasites qui guettent les malades affaiblis, qu’ils soient bleus ou dorés, comme les libellules.

 Et, de fait, l’humour, cette faculté qui vous permet de ne pas trop vous prendre au sérieux, de vous moquer de vous- même, est sans doute la qualité essentielle si l’on veut s’en sortir.. Pierre de touche ou pierre d’angle, symptôme ou qualité basique, indispensable surtout dans les relations entre les gens. Avec un courage remarquable, qui permet à l’auteur de surmonter les périodesde découragement et les interventions les plus pénibles. Humour indispensable surtout – et par définition, d’ailleurs – dans les relations interhumaines: avec la famille, sa maman âgée dont la vie devient de plus en plus difficile, son épouse, ses enfants. Mais aussi dans les relations avec les médecins et le personnel soignant, le plus souvent fort amicales, mais il y a des exceptions. Dans les relations aussi avec les autres malades, venus des milieux les plus divers: tous ceux qui ont fait des séjours en clinique en savent quelque chose. On a parfois l’occasion, ainsi, de rencontrer des gens vraiment remarquables, quel que soit leur milieu d’origine. Et le fait de s’intéresser aux autres permet parfois d’oublier ses propres problèmes…

Et puis, il y a aussi ces moments de découragement, quand on passe en revue toutes ces choses que l’on ne peut plus faire, que l’on ne fera plus…La frustration par exemple que représente pour quelqu’un qui aime son travail le fait de devoir y mettre fin prématurément…

Un livre qui donne du courage, qui vous rend conscient de la chance que vous avez d’être bien portant, et qui vous incite à le rester…ce n’est pas si fréquent, et c’est une chance, en ces temps pénibles que nous vivons. Merci donc au pirate,, qui continue sa navigation, droit dans la ligne de son précédent livre qui nous présentait Jutje, sa grand-mère courageuse.

Les illustrations de Véronique Dossogne, buis et bronze,sont particulièrement bien adaptées.

Joseph Bodson