La bibliothèque universitaire Jeanne Chauvin

DOI : 10.35562/arabesques.1326

p. 26-27

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La nouvelle bibliothèque universitaire Jeanne Chauvin, implantée à Malakoff, vise le bioclimatisme pour le respect de l’environnement.

La bibliothèque universitaire Jeanne Chauvin a ouvert ses portes au public en juin 2018. Elle est implantée à Malakoff, sur le site de la faculté de Droit, d’Économie et de Gestion de l’université Paris Descartes, et dessert une communauté universitaire de proximité d’environ 5 000 personnes.

Bâtiment neuf et autonome de 2500 m2, la BU Jeanne Chauvin est une des dix bibliothèques du SCD Paris Descartes. Cette nouvelle BU se substitue aux deux anciennes bibliothèques de la faculté qui, selon une logique de séparation des publics et des collections par niveau d’étude, assuraient respectivement les missions documentaires dites de prêt et de recherche. La nouvelle BU Jeanne Chauvin est désormais positionnée comme un véritable lieu de rencontre de l’ensemble de la communauté universitaire.

Un projet architectural innovant et attentionné

Financé par la Région Ile-de-France à hauteur de 8,3 millions d’euros, le nouveau bâtiment est un projet original et ambitieux. La maîtrise d’œuvre, confiée à Canal Architecture, a souhaité positionner le nouveau bâtiment dans son environnement le plus respectueusement possible. Le bâtiment compact et rectangulaire sur deux niveaux s’insère harmonieusement dans son environnement urbain, composé notamment de maisons de ville, caractéristiques de la ville de Malakoff. Le projet architectural visait également à une résonance graphique et chromatique avec la faculté attenante, dont le bâtiment Art Déco est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques.

La construction mixte, réalisée majoritairement en bois (structure, charpente, ossature et bardage des façades) est innovante du fait de l’utilisation expérimentale d’un bois exotique, le padouk. À l’intérieur, on retrouve la chaleur du bois, agrémenté de matériaux bruts, comme l’OSB1 et le béton brut. Les couleurs dominantes que sont l’or, le rouge et le vert apportent, en écho au bâtiment facultaire, une certaine solennité. Les généreuses baies vitrées ainsi que le shed2 central et les bandeaux en imposte permettent un apport de lumière naturelle optimal. Des capteurs de luminosité, des interrupteurs avec variateurs d’intensité ainsi que des calendriers annuels d’éclairage par zone ou type d’éclairage permettent de privilégier l’éclairage naturel et de limiter la consommation électrique.

Le bâtiment vise par ailleurs le bioclimatisme3 : compacité du bâtiment, inertie thermique des matériaux, ventilation double flux avec récupération de chaleur, chapes béton rayonnantes du plancher qui diffusent le chauffage émis par une chaudière gaz sont autant d’options volontaristes visant à maîtriser l’empreinte carbone et la consommation d’énergie de la bibliothèque. Aux beaux jours, à la climatisation énergivore et peu écologique, la maîtrise d’œuvre a préféré un système qui permet le rafraîchissement passif des salles. L’écart entre la température extérieure et la température intérieure est calculé en permanence et un algorithme commande l’ouverture automatisée des ouvrants, y compris la nuit.

L’acoustique, essentielle en BU, a fait l’objet d’une attention particulière : baffles acoustiques verticales et panneaux de laine de bois limitent la propagation du bruit. L’équipement intérieur, financé à hauteur de 0,62 million d’euros par l’université, a également été pensé avec soin : tables de travail profondes intégrant un éclairage d’appoint sur toute leur longueur, assises confortables, fauteuils de détente du designer Pierre Paulin, larges écrans d’information et écrans tactiles pour la formation complètent l’architecture.

 

 

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Usages différenciés dans des espaces modulables et cloisonnables

La nouvelle BU regroupe les collections des deux anciennes bibliothèques, soit quelques 32 000 ouvrages et 200 titres de périodiques. Si la part de documents en libre-accès est restée relativement stable, la fusion des collections a néanmoins été l’occasion d’introduire la technologie RFID4 et de déployer des automates d’emprunt et retour. Le nombre de places assises est passé de 285 pour les deux anciennes bibliothèques à 410 pour le nouvel équipement. Un quart de ces 410 places sont réparties dans 25 salles de travail en groupe d’une capacité de 4 ou 6 personnes, un des points forts de cette nouvelle bibliothèque. Si ces salles, dotées de tableaux blancs et de tableaux aimantés, accompagnent l’évolution de la pédagogie, elles contribuent aussi à la réussite étudiante. À l’usage attendu de ces salles (préparation de travaux collectifs prescrits) s’ajoute la pratique du travail côte à côte, dans une logique d’entraide, de camaraderie et de stimulation, en particulier chez les étudiants de première année de licence, peu habitués au travail isolé et silencieux.

Aux salles de travail en groupe et aux deux vastes salles de lecture s’ajoutent deux salles de 12 et 24 places pouvant faire office de salle de formation ou de salle de réunion, deux carrels individuels, un petit espace pour se restaurer, et une salle dotée de tables hautes et tabourets de type bar, où l’ambiance est plus détendue, et qui répond prioritairement à un besoin de travail de courte durée.

Le cloisonnement de certains espaces permet un zonage aisé des niveaux sonores et facilite la tenue d’ateliers et événements. Ce cloisonnement permet aussi de s’adapter aux périodes de faible fréquentation. Si les deux plateaux sont esthétiquement et fonctionnellement très similaires, il est aisé de fermer au besoin les circulations verticales en limitant l’accès du public au rez-de-chaussée. Avec une petite équipe, il est ainsi possible de réduire les surfaces accessibles, de limiter le nombre d’agents postés et donc, in fine, de proposer des horaires d’ouverture élargis plus longtemps. Le parc d’ordinateurs fixes est également volontairement limité, la flotte d’ordinateurs portables en prêt contribuant à la modularité des espaces et des places assises.

 

 

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Jeanne Chauvin, une pionnière du droit

La nouvelle bibliothèque a pris le nom de Jeanne Chauvin, pionnière du droit en France. Jeanne Chauvin est la première femme française à obtenir le titre de docteur en droit. Sa thèse, soutenue en 1892, porte sur les professions accessibles aux femmes. Le 19 décembre 1900, elle devient la seconde avocate française. L’année suivante, en 1901, elle est la première femme à plaider en France. La profession d’avocat se féminisera progressivement tout au long du XXème siècle. Il faudra cependant attendre 2009, soit plus d’un siècle après la première plaidoirie de Jeanne Chauvin, pour que les femmes passent la barre des 50 % au sein de la profession d’avocat.

Lieu d’appui à la pédagogie et trait d’union avec le monde professionnel

Outre ses missions documentaires classiques, la nouvelle bibliothèque Jeanne Chauvin se veut aussi un lieu d’appui à la pédagogie et un trait d’union avec le monde professionnel, un lieu où on trouve de l’aide méthodologique et où on se prépare pour l’avenir. Dès la première année de fonctionnement, y ont été accueillies des sessions de tutorat pilotées par la faculté : tutorat numérique de début de rentrée destiné aux primo-entrants pour la prise en main de l’Environnement numérique de travail (ENT) et tutorat pédagogique de Licence 1 en Économie et gestion tout au long de l’année, assuré par des étudiants avancés et encadré par un enseignant référent.

Côté professionnalisation, deux dispositifs accueillis à la BU contribuent aux efforts d’accompagnement vers l’emploi des étudiants. Des ateliers de recherche d’emploi et de rédaction de curriculum vitae sont proposés au sein de la BU Jeanne Chauvin par le service de l’université chargé de l’orientation. La BU héberge également un dispositif original, l’Atelier de Clinique Juridique de la faculté de Droit, d’Économie et Gestion. Il s’agit d’un service ouvert aux particuliers, aux associations et aux entreprises qui propose une information juridique gratuite et anonyme sur rendez-vous. Ces sont les étudiants de la faculté, formés à la consultation juridique et supervisés par les professionnels du droit et des enseignants référents, qui accueillent les justiciables. Ce programme pédagogique innovant se veut un véritable apprentissage clinique du droit, à l’instar de ce qui se pratique dans les études de médecine.

La nouvelle BU Jeanne Chauvin a assurément rencontré son public. Elle entame à l’automne 2019 sa seconde année universitaire et rejoindra en 2020 le réseau des bibliothèques de la nouvelle Université de Paris.

1 L’OSB (Oriented Strand Board) est constitué de plusieurs couches de lamelles de bois compressées puis encollées à l'aide de résine et de cire.

2 Le shed est une toiture à redan partiel, formée de deux versants de pente différente et brisant la continuité du profil.

3 Le bioclimatisme vise à obtenir un confort d'ambiance (température, luminosité, ventilation) de ma manière la plus naturelle possible en s'adaptant

4 Radio-frequency identification.

Notes

1 L’OSB (Oriented Strand Board) est constitué de plusieurs couches de lamelles de bois compressées puis encollées à l'aide de résine et de cire.

2 Le shed est une toiture à redan partiel, formée de deux versants de pente différente et brisant la continuité du profil.

3 Le bioclimatisme vise à obtenir un confort d'ambiance (température, luminosité, ventilation) de ma manière la plus naturelle possible en s'adaptant notamment au site à aux conditions environnementales.

4 Radio-frequency identification.

Illustrations

 

 

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Citer cet article

Référence papier

Amélie Morin-Fontaine, « La bibliothèque universitaire Jeanne Chauvin », Arabesques, 95 | 2019, 26-27.

Référence électronique

Amélie Morin-Fontaine, « La bibliothèque universitaire Jeanne Chauvin », Arabesques [En ligne], 95 | 2019, mis en ligne le 20 janvier 2020, consulté le 19 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=1326

Auteur

Amélie Morin-Fontaine

Responsable de la bibliothèque universitaire Jeanne Chauvin
Service commun de la documentation de l'université Paris Descartes

amelie.morin-fontaine@parisdescartes.fr

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