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Relance : comment financer l’action climat

2 juillet 2020 - Étude Climat - Par : Hadrien HAINAUT / Dr. Quentin PERRIER / Benoît LEGUET / Maxime LEDEZ

I4CE propose un plan permettant de déclencher 21 milliards d’investissements supplémentaires dans treize secteurs clés pour la transition bas carbone, dont certains n’ont fait l’objet d’aucune annonce gouvernementale, avec un financement public additionnel de 9 milliards par an. Mais le véritable enjeu financier sera d’augmenter cette effort dans la durée, les besoins augmentant alors que l’endettement ne sera bientôt plus une solution aussi facile qu’aujourd’hui. 

 

 

Nous proposons un plan de financement pour la transition, adossé à des mesures économiques et réglementaires qui forment un ensemble cohérent

 

Nombre de filières économiques indispensables à la transition bas-carbone, comme le rail et les transports collectifs urbains, sont marquées par la crise. Des filières dans lesquelles, déjà avant la crise, la France et les Français investissaient trop peu. Que ce soit pour isoler les bâtiments, acquérir un véhicule bas carbone, construire les infrastructures des transports durables ou encore produire de l’énergie décarbonée, 46 milliards d’euros ont été investis en 2018 par les pouvoirs publics, les entreprises et les ménages. La France aurait dû en investir au moins 15 de plus afin de se mettre sur la voie de la neutralité carbone.

 

 

Certains secteurs analysées dans ce rapport n’ont encore fait l’objet d’aucune annonce

Treize secteurs sont analysés, dont certains n’ont encore fait l’objet d’aucune annonce gouvernementale alors même qu’ils sont clés pour la transition bas-carbone : la rénovation des bâtiments, les infrastructures ferroviaires, les transports en commun urbains ou encore la chaleur et le gaz renouvelables.

 

À court terme, un financement public additionnel de 9 milliards d’euros par an

Le plan permettrait de déclencher 21 milliards d’euros d’investissements supplémentaires en faveur du climat chaque année, avec un financement public additionnel de 9 milliards d’euros. Parmi les mesures de ce plan, l’État propose une aide à la rénovation globale, un bonus automobile renforcé, des enveloppes conséquentes pour rénover le réseau ferroviaire et étendre l’offre de transports en commun urbains. Les collectivités investissent principalement dans la rénovation des bâtiments publics et verdissent les flottes d’autobus. Les banques publiques financeraient la production et la distribution d’électricité, de gaz et de chaleur renouvelables. Nous pensons que cette intervention cruciale reste d’une ampleur modeste au regard d’autres dépenses publiques et de ses bénéfices envisagés pour l’activité économique, les recettes fiscales, l’emploi, ou encore la réduction de la pollution de l’air et de la précarité énergétique.

 

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Le vrai enjeu financier sera de durer dans le temps

Le véritable enjeu financier sera de soutenir l’effort en augmentant progressivement les financements publics et en entrainant les financements privés. Car même en améliorant leur effet de levier, les financements publics vont augmenter avec le nombre croissant de projets et le développement des marchés de la transition bas-carbone. Selon nos estimations, au-delà de 2024, la contribution annuelle des pouvoirs publics aux investissements climat s’élèverait à 37 milliards d’euros, soit 22 de plus que leur niveau historique. Les pouvoirs publics, à commencer par l’État, pourraient donner de la visibilité en s’engageant budgétairement sur plusieurs années, et en clarifiant comment ils comptent répondre à ces besoins croissants. Dans les prochains mois, l’endettement ne sera plus une solution aussi facile qu’aujourd’hui.

 

 

L’argent ne fait pas tout

On pourrait croire que, pour déclencher davantage d’investissements nécessaires pour le climat, il suffit d’augmenter les financements publics ou même privés. En réalité, les financements ne sont efficaces qu’à condition d’accompagner les ménages qui souhaitent rénover leurs logements, de former les artisans qui interviendront sur les chantiers, d’interdire la vente des véhicules les plus polluants, ou encore d’afficher lors de l’achat le coût annuel réel des voitures.
Nous espérons que ce plan, sorte de mode d’emploi pour inscrire le climat dans la relance économique, pourra contribuer à éclairer les choix de l’action publique et de l’ensemble des parties prenantes, et concluons avec un point de vigilance : si la capacité d’autofinancement des entreprises ou des collectivités territoriales demeure durablement amputée par la crise économique, nombre de projets d’investissements favorables au climat seront annulés ou reportés. Le rétablissement de ces capacités est une condition préalable à ce plan.

 

Louise Kessler d’I4CE vous présente, en deux minutes, le plan de financement de l’action climat en France. Une vidéo à regarder pour comprendre les grands enjeux d’aujourd’hui et à venir ainsi que les secteurs concernés.

 

 

*La version actuellement en ligne diffère de celle publiée le 3 juillet 2020. En particulier, le tableau p.11 indiquait initialement une contribution des collectivités territoriales ne comprenant pas ce qu’elles percevaient des autres institutions, en particulier l’État et les banques publiques. Le nouveau total inclut ces montants.

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