9782390250982

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ANDRÉ BURNEL

les oiseaux

de chez nous Nouvelle édition revue et augmentée


4/ SOMMAIRE

Sommaire Avant-propos Cygnes, oies & canards Grèbes, Foulque, Gallinule & Râles Grands échassiers Mouettes & goélands Limicoles Rapaces diurnes Perdrix, faisans & autres Gallinacés Pigeons & tourterelles Perruches Coucou gris Rapaces nocturnes Martin-pêcheur d’Europe Pics Hirondelles & martinets Alouettes & pipits Bergeronnettes Jaseur boréal Cincle plongeur

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Troglodyte & Accenteur Rougegorge & autres petits turdidés Merles & Grives Étourneau sansonnet Sylviidés (fauvettes & apparentés) Gobemouches Mésanges Grimpereaux Loriot d’Europe Pies-grièches Corvidés Moineaux Fringilles (pinsons, Chardonneret élégant et autres) Bruants

129 133 141 147 149 161 163 171 173 175 177 185 187 199

Index Bibliographie Crédits photographiques

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6/ AVANT-PROPOS

Avant-propos Neuf cents espèces, tel est le nombre impressionnant d’oiseaux fréquentant l’Europe et l’Afrique du Nord, ce qu’on appelle le Paléarctique occidental. D’excellents guides d’identification et quelques ouvrages généraux, ces derniers souvent en plusieurs volumes, leur sont consacrés. Dans un livre destiné à un grand public, il faut bien se limiter. Dans la première édition, nous avions délibérément choisi de ne représenter et discuter « que » 160 espèces, les plus communes ou les plus emblématiques d’une région limitée, la Belgique francophone. Afin d’être un peu plus complet, une bonne douzaine d’espèces ont été ajoutées dans la deuxième édition. Évidemment, les oiseaux ne connaissent pas les frontières arbitraires dessinées par l’Homme. La plupart de ces espèces peuvent se rencontrer un peu partout en Europe. Certaines régions, notamment le long des côtes, dans les montagnes ou le Midi hébergent de nombreux autres types d’oiseaux. Laissons leur ce privilège mais accordons une attention particulière à l’avifaune d’une belle région aux paysages diversifiés et abritant la capitale de l’Europe, d’autant plus que cette avifaune est largement représentée en France, un peu plus concernée par cette troisième édition. L’Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie est sorti de presse en 2011. Il commente 173 espèces. Celui de Bruxelles a été édité quelques années auparavant. Si la plupart des espèces bruxelloises sont communes à la Flandre et à la Wallonie, la capitale de la Belgique héberge quelques spécimens exotiques supplémentaires. L’Atlas des oiseaux de France métropolitaine, publié en 2015, traite de 359 espèces nicheuses ou hivernantes. Bref, l’avifaune nicheuse tant de la partie francophone de la Belgique que de la France ou de l’Europe occidentale est loin d’être couverte par ce livre qui est aussi consacré à certaines espèces hivernantes ou de passage, souvent mieux connues du grand public que certains nicheurs. Pour les espèces choisies, l’ordre de présentation est le plus proche possible de celui suivi dans les publications scientifiques mais certains écarts ont été pris avec cet ordre, essentiellement dans un but pédagogique. Vu l’ubiquité de la plupart des espèces communes et


la richesse des habitats, il était difficile de les aborder par les milieux fréquentés. Nous commencerons cependant par les oiseaux dits d’eau, en regroupant les diverses familles, pour terminer par les granivores les plus communs. Pour chaque espèce traitée, nous avons essayé d’aborder toutes les questions possibles. Comment les reconnaître est évidemment la première. Il n’est pas question de se substituer à un guide d’identification mais les traits caractéristiques principaux seront décrits. Les différences entre les sexes seront, quand elles sont présentes, mentionnées. Quand peuton les observer est aussi essentiel. À cette fin, quelques éléments de la biologie seront présentés. Cela répondra aussi à la question de leur régime alimentaire. Où peut-on les rencontrer ? La plupart des espèces traitées fréquentent une grande partie de l’Europe, tout en manquant localement. Ces dernières années, divers atlas régionaux ont vu le jour et répondent à la question que nous n’aborderons donc que dans les grandes lignes. Il est une question qui ne sera pas abordée dans le texte : combien de temps ces oiseaux vivent-ils ? La réponse est, en effet, difficile. En principe, les plus grandes espèces vivent plus longtemps que les plus petites. Pour des oiseaux de la taille d’un moineau, 4-5 ans est une moyenne raisonnable mais ce n’est qu’une moyenne. De très nombreux jeunes oiseaux ne passent pas le cap de la première année. Les juvéniles doivent, en effet, apprendre à se prémunir de tous les dangers qui les guettent. Les prédateurs sont nombreux et les pièges tendus volontairement ou involontairement par l’Homme également. Une fois ce stade dépassé, il faut partir en migration ou affronter l’hiver. Les deux sont d’importantes causes de décès auxquelles il faut ajouter d’éventuelles maladies. Pas rose la vie d’un oiseau mais certains s’y adaptent très bien. Pour chaque espèce illustrée, la longévité maximale donnée dans la légende de la photo est le port de bague le plus long qui a été enregistré. La plupart de ces données proviennent du site internet d’EURING, l’organisation européenne coordonnant le baguage des oiseaux.


8/ CYGNES, OIES & CANARDS

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Cygnes, oies & canards 1/ Une famille de Cygnes tuberculés. On remarque le bec rouge muni de caroncules noires chez l’adulte. 2/ Chez le Cygne de Bewick, le bec paraît noir de loin. Les cygnes, fidèles pour la vie, peuvent vivre une bonne vingtaine d’années, les records enregistrés étant de 28 ans et 10 mois pour un Cygne tuberculé, de 26 ans et 6 mois pour un Cygne chanteur et de 23 ans et 7 mois pour un Cygne de Bewick. 3/ Le bec du Cygne chanteur est noir et jaune, le jaune pénétrant fortement dans le noir et donnant, de loin, l’impression d’un bec jaune.

Ces oiseaux dont les pattes sont palmées afin de faciliter leur déplacement sur et, pour certains, sous l’eau appartiennent à la famille des anatidés. Les plus grands sont les cygnes dont l’espèce la plus commune est le Cygne tuberculé. Il doit son nom aux protubérances noires à la base de son bec rouge. Il est très familier car son origine est, chez nous, semidomestique même si de nombreux individus se reproduisent librement. Lors d’hivers rigoureux, des individus du nord et de l’est de l’Europe peuvent venir renforcer le contingent local. Les nôtres se reproduisent au bord de diverses eaux pour autant qu’ils trouvent une plage tranquille, qu’ils défendent alors avec acharnement contre toute intrusion de concurrents supposés. La plupart des jeunes naissent gris-brun et ne deviennent blancs qu’au fil du temps. Deux espèces sauvages viennent hiverner en très petit nombre chez nous. Leur vol est silencieux au contraire de celui, sonore, du Cygne tuberculé. Le Cygne chanteur, le plus grand des deux, au cou le plus long et au bec jaune et noir où, de loin, le jaune domine, est originaire du nord de l’Europe. Le Cygne de Bewick, au bec paraissant noir de loin, provient de l’extrême nord-est de l’Europe et du nord de l’Asie. Ces dernières années, cette espèce aurait tendance à changer ses sites d’hivernage en abandonnant l’Europe occidentale pour la Grèce mais ce phénomène est lent car ces oiseaux, comme beaucoup d’autres, aiment retourner en terre connue, tant pour la reproduction que pour l’hiver.


10/ CYGNES, OIES & CANARDS

Le représentant le plus caractéristique de la famille des oies est l’Oie cendrée, ancêtre de nos oies domestiques. La pression de la chasse et des pertes d’habitats l’avaient éliminée, comme nicheur, d’une grande partie de l’Europe occidentale. Réintroduite dans divers pays, elle se reproduit très localement et est en progression, au point qu’aux Pays-Bas, sa chasse est à nouveau autorisée. L’hivernage d’oiseaux nordiques augmente également, comme d’ailleurs celui d’autres oies plus rares. L’Oie cendrée est la seule oie semi-naturelle se reproduisant chez nous, les autres, nettement plus abondantes, étant d’origine exotique. La Bernache du Canada qui, comme son nom l’indique, provient du nord de l’Amérique est particulièrement abondante. Issue d’élevages britanniques, elle s’est répandue sur le continent depuis les années 1960. Formant des bandes dépassant parfois la centaine d’individus, elle est particulièrement nuisible à cause du pâturage des zones naturelles et des salissures, par leurs déjections, des terrains de sport et de loisir. En Belgique, où la plupart des oiseaux sont protégés, elle est considérée comme gibier avec dates d’ouverture et de fermeture de chasse mais cette mesure est insuffisante pour limiter la croissance de la population. Des moyens supplémentaires comme la stérilisation des œufs mais aussi l’euthanasie de centaines d’individus lors des rassemblements de mue y ont été activés. Cela n’empêche pas de rencontrer encore ces bernaches un peu partout. Une autre espèce est en train de suivre la même voie que la Bernache du Canada. Déjà bien présente auparavant aux Pays-Bas, l’Ouette d’Égypte a pour origine principale, en Belgique, des oiseaux échappés du domaine royal de Laeken. Si les étangs bruxellois ont été rapidement occupés au cours des années 1970, l’invasion du reste du pays (comme la progression vers la France) a été plus lente mais est maintenant exponentielle au point d’échapper à tout contrôle potentiel. Son origine africaine la rend insensible aux variations de la durée de l’éclairement journalier. De ce fait, elle est capable de produire deux nichées par an, avec de rares prédateurs naturels tant elle est agressive. Des poussins sont souvent signalés en plein hiver. Contrairement à la Bernache du Canada, elle ne se rassemble pas en groupe pour muer.

4/5/ L’Oie cendrée, la plus grande des oies sauvages, a un bec orange puissant par rapport à celui des autres oies et ses pattes sont de teinte rose. Elle doit son nom aux plages cendrées sur les ailes mais on ne voit ces dernières qu’au vol. Les oies forment des couples fidèles pour la vie. Longévité maximale : 24 ans.

6/ L’Ouette d’Égypte est une oie haute sur pattes. Elle montre des lunettes brunes et une tache, brune également, au bas de la poitrine. Au vol, les ailes présentent une large plage blanche sur le dessus. L’ouette peut aussi vivre une bonne vingtaine d’années, le maximum enregistré en captivité étant de 25 ans. 7/ Famille de Bernaches du Canada. Les sexes de cet oiseau introduit et invasif sont indiscernables mais, comme chez tous les anatidés, le mâle est légèrement plus grand que la femelle. Longévité maximale : 27 ans et 5 mois.


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12/ CYGNES, OIES & CANARDS

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14/ CYGNES, OIES & CANARDS 8/ Un couple de Canards colverts, femelle à droite, mâle à gauche, décollant d’un bond hors de l’eau, comme tous les canards de surface. Le miroir alaire bleu bordé de blanc est bien visible chez les deux individus. Les couples se forment en hiver et le mâle suit souvent la femelle, ce qui entraîne un brassage de la population. Longévité maximale : 23 ans et 3 mois.

Les canards se classent en deux catégories suivant leur mode d’alimentation le plus fréquent. Les canards de surface barbotent, le derrière en l’air, dans des eaux peu profondes et pâturent aussi sur la terre ferme tandis que les canards plongeurs recherchent leur nourriture au fond de l’eau. Ces derniers, plus lourds, ont une ligne de flottaison plus basse et décollent en courant sur l’eau, au contraire des canards de surface qui quittent l’eau d’un bond (photo 8). Dans les deux catégories, le dimorphisme sexuel est très marqué, les femelles plus ternes assurant la couvaison et devant, de ce fait, être plus discrètes. Le Canard colvert est le plus abondant et le plus répandu des canards de surface. Il est l’ancêtre des canards domestiques avec lesquels il lui arrive de s’hybrider, produisant des oiseaux au plumage varié que les ornithologues qualifient de « canards casseroles ». Très familier au bord des eaux citadines, il est extrêmement farouche ailleurs car il craint les plombs des chasseurs pour lesquels il constitue une cible recherchée au point que des lâchers sont régulièrement effectués à des fins purement cynégétiques. Connu de tous, il n’est nul besoin de le décrire, du moins quand il est posé. En vol, il se reconnaît par le miroir alaire, une marque au niveau des rémiges (les grandes plumes de l’aile) internes, d’un bleu foncé bordé de blanc que partagent les deux sexes. Au niveau des canes, ce miroir est souvent le seul signe distinctif permettant aux amateurs peu expérimentés d’identifier les diverses espèces. Chez le Canard chipeau, ce miroir est blanc. Le mâle se reconnaît aussi à son arrière-train noir. Moins courant et légèrement plus petit que le colvert, il est en progression en Europe occidentale. Il est assez localisé comme nicheur mais est plus répandu en hiver.


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CYGNES, OIES & CANARDS /17 9/ Le viol collectif est assez commun chez le Canard colvert. Les mâles désœuvrés (ils ne s’occupent pas de leur progéniture) s’attaquent en groupe aux femelles isolées. Si le viol a lieu sur l’eau, la cane peut mourir noyée.

10/ Couple de Canard chipeau, mâle à gauche, femelle à droite. Le miroir blanc n’est visible que chez la femelle. Posé, il l’est parfois chez les deux sexes. Longévité maximale : 22 ans et 4 mois. 11/ L’énorme bec en spatule du Canard souchet lui permet de filtrer l’eau et la vase à la recherche de fines particules animales ou végétales comestibles. Il lui confère une silhouette caractéristique, tant en vol que sur l’eau. Longévité maximale : 20 ans et 4 mois. 12/ Sarcelle d’été mâle reconnaissable au long et large sourcil blanc s’étendant jusqu’à la nuque. Longévité maximale : 14 ans et 8 mois. 13/ Le mâle de la Sarcelle d’hiver, le plus petit de nos canards de surface, est impossible à confondre ; la femelle est fort semblable aux autres canes. En vol, cette sarcelle paraît fort sombre. Longévité maximale : 21 ans et 6 mois. 14/ Le plumage multicolore du Canard mandarin mâle le rend impossible à confondre. Ce petit canard de surface d’origine exotique est très populaire dans les élevages. Des oiseaux échappés se reproduisent çà et là.

Le Canard souchet est facilement identifiable à son énorme bec en spatule ; le mâle est très coloré avec une tête verdâtre, une poitrine blanche et un ventre brun. Chez nous, c’est un nicheur très rare et localisé. Certaines régions le voient plus communément en hiver. Deux sarcelles, plus petites, sont aussi susceptibles de se reproduire sous nos latitudes mais leur nombre est très faible. Comme son nom l’indique, la Sarcelle d’été se rencontre uniquement du printemps à l’automne, la plupart des oiseaux observables sur les plans d’eau étant des migrateurs en provenance de ou se dirigeant vers l’Afrique. Le mâle se caractérise par une longue « virgule » blanche allant du dessus de l’œil au haut du cou. La Sarcelle d’hiver, plus petite et plus sombre, est présente toute l’année mais est surtout abondante de la fin de l’été au début du printemps. En dehors de la période de nidification, elle forme parfois de grandes bandes très farouches car, malgré sa petite taille, c’est un gibier très recherché. Les deux sexes ont un miroir vert et le mâle est impossible à confondre, avec sa tête verte et brune et son arrière-train jaune. D’autres canards de surface peuvent aussi fréquenter nos eaux mais sont nettement plus rares. Nous mentionnerons cependant un exotique d’origine asiatique, rare et localisé, le Canard mandarin aux allures de clown chinois, fréquent dans les élevages. Le Tadorne de Belon au dessous blanc avec une bande brune au niveau de la poitrine, autrefois purement côtier, colonise de plus en plus l’intérieur des terres, à la faveur de sa protection intégrale. Ce n’est ni un canard ni une oie mais un intermédiaire entre les deux. Le dimorphisme sexuel est peu marqué, le mâle étant un peu plus grand et ses caroncules plus importantes. Cet oiseau présente la caractéristique d’aller muer ses rémiges qui, comme chez tous les anatidés, tombent simultanément, à l’abri des prédateurs sur les bancs de sable de la mer des Wadden, entre les îles de la Frise et le continent. Les jeunes nés dans l’année ne perdent pas leurs rémiges. Ils restent plus longtemps chez nous, souvent rassemblés en crèches sous la surveillance d’une femelle adulte qui partira muer un peu plus tard.


18/ CYGNES, OIES & CANARDS

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La première édition est parue en 2011. Conception graphique Dominique Hambÿe www.racine.be Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez régulièrement des informations sur nos parutions et activités. Toutes reproductions ou adaptations d’un extrait quelconque de ce livre, par quelque procédé que ce soit, sont interdites pour tous pays. © Éditions Racine, 2019 Tour et Taxis, Entrepôt royal 86C, avenue du Port, BP 104A à 1000 Bruxelles D. 2019, 6852. 8 Dépôt légal : mai 2019 ISBN 978-2-39025-098-2 Imprimé en Slovénie


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